Sur l’indignité des pauvres selon les « néo-cons »

Publié le par jdor

taddei_130_170.jpgJ’aime beaucoup regarder et écouter l’émission de Frédéric Taddëi, « Ce soir ou jamais ». Elle est parfois difficilement audible dans la mesure où les intervenants ne se respectent guère ayant des difficultés à écouter l’autre. Cependant, on y apprend beaucoup de choses…

Ainsi, lundi 31 janvier. Le sujet discuté était la réforme des impôts. Peu importe les noms des invités. Il y avait des gens de gauche ou proches de la gauche, un artiste et de l’autre côté, trois personnalités que j’ai trouvées singulières et largement dépassées. L’une des dames de ce deuxième groupe a longtemps vécu aux USA et fréquenté les Thing-Thanks de sinistre réputation. L’autre dame dirige un groupement similaire, mais en France. Enfin, le troisième, est professeur d’économie et philosophe. Ces trois-là, on peut sans leur faire injure, les traiter de néo-cons, ou si vous préférez de néoconservateurs ou encore d’ultralibéraux extrémistes à la sauce américaine la plus conservatrice.

Je voudrais juste dire les absurdités que j’ai entendues ce soir-là… Je peux vous assurer que ma non-violence a été mise à rude épreuve. Tous les trois, à un moment ou un autre, ont affirmé qu’il fallait que les plus riches payent moins d’impôts, donc qu’ils s’enrichissent de plus en plus. Pour le professeur, c’est nécessaire et utile parce que le capitalisme, dans son essence, serait une belle expression de la solidarité entre humains ! Diable, voilà qui m’a complètement échappé et depuis toujours ! Je parie que je ne suis pas le seul dans ce cas. Sans doute, est-ce au nom de cette sainte solidarité que les bons et braves capitalistes procèdent aux licenciements boursiers que l'on connaît ici et ailleurs ; sans doute, est-ce au nom de l’amour naturel des capitalistes pour leurs semblables plus pauvres, que les groupes financiers jouent en bourse la survie de certains pays en les attaquant et en les spoliant ; sans doute, est-ce toujours au nom de ce singulier et exceptionnel amour, que l'on découvre que 25% des salariés français ne gagnent pas plus de 750 euros par mois, soit 73% du SMIC (info FO-hebdo). Nous sommes nombreux à n’avoir pas compris que si nos capitalistes délocalisaient dans les pays pauvres, c’était par amour et solidarité du genre humain et non pas pour exploiter ces peuples, notamment les femmes et les enfants, bêtes de somme les plus rentables !

                                               Gouvernement GW Bush, une équipe de néo-cons (source Wikipédia)

George_W._Bush_Cabinet_2008.jpgLa cerise à l’arsenic sur le gâteau des néo-cons présents à l’émission, selon moi, c’est ce qu’a dit cette Française ayant vécu aux USA et ayant fréquenté les « boîtes à idées » des ultralibéraux américains. Celle-ci a trouvé un argument extraordinaire pour faire payer des impôts aux plus pauvres car il faut bien compenser les cadeaux fiscaux faits aux riches. Pour cette « digne » dame, s’il faut que les plus pauvres, les « assistés chroniques », donc, les chômeurs, les malades, les invalides, payent des impôts, c’est pour leur rendre leur dignité ! Cela, il faut l’entendre pour croire que ce fut prononcé ! Je savais que les ultralibéraux avaient des idées stupides, mais à ce point, je ne l’imaginais pas. Si payer des impôts est une question de dignité, alors, je me demande pourquoi les riches veulent en payer moins. N’ont-ils pas envie d’être les plus dignes d’entre nous ?

Trêve de plaisanteries, rendre leur dignité aux pauvres en leur faisant payer des impôts, c’est oublier, volontairement ou non, que la dignité ne se mesure pas au salaire d’un homme ou aux impôts qu’il paye. La dignité est naturelle et appartient à tout humain. Cette dignité, lorsque nous sommes pauvres, chômeurs, invalides, nous la connaissons tous, et nous savons que rien ne peut nous la faire perdre. Nous la vivons par expérience, par notre vie de tous les jours. Les néo-cons ne savent que la fantasmer en fonction de leurs intérêts, seule vérité qu’ils reconnaissent ici-bas. Ce qui est indigne, c’est leur façon de penser et de vouloir, comme dans n’importe quelle dictature, imposer leurs pensées absurdes et inhumaines à l’humanité entière. Ce qui est indigne, c’est leurs actions et au bout du compte, l’indignité, c’est eux qui la représentent le mieux, qui la portent de la façon la plus évidente. J’ai compris, ce soir-là, pourquoi l’économie mondiale est malade. Comme elle est le résultat de ces esprits particulièrement pervers, il est impossible qu’elle soit en bonne santé !

Le monde économique et politique, dans ses agissements et ses paroles, cherche à nous faire croire que la « globalisation » est un fait définitif que rien ne pourra plus changer. C’est exactement ce que devaient penser les profiteurs du régime de Ben Alli… À mon sens, rien sur cette terre n’est définitif, surtout si ce « rien » est porteur d’injustices majeures. Je sais que, déjà, chez nous comme ailleurs, dans les pays dit « riches », nombreux sont les citoyens qui cherchent des alternatives à la cruauté de la mondialisation en cours, par des initiatives locales notamment. C’est de savoir cela qui me permet de croire qu’un autre monde est déjà en marche, quel que soit le temps qu’il lui faudra pour s’installer. Tous les systèmes importants, à commencer par le capitalisme, ont débuté par de petites initiatives. Il en sera de même pour la révolution des citoyens contre la domination du monde de la finance. J’en fais le pari !

Les peuples, même si périodiquement ils l’oublient, sont toujours plus forts que les pouvoirs. Seule la servitude volontaire, comme la dénonçait déjà Etienne de La Boétie en 1549, est un obstacle à liberté des peuples. Les pouvoirs se gargarisent de cette servitude au point d’en oublier la justice la plus élémentaire. Au point d’affamer les peuples. Les néos-cons, comme n’importe quel pouvoir, en sont au même point d’aveuglement. Ils ne veulent surtout pas reconnaître que leurs théories appliquées depuis la fin des années 80 du siècle dernier sont des échecs cinglants pour la vie et la survie des peuples. C’est donc à ces derniers de leur jeter la réalité à la figure. En ce sens, les révoltes, pour ne pas dire les révolutions de Tunisie et d’Égypte sont prophétiques et concernent tous les peuples de la terre, riches comme pauvres.

Jean Dornac
Paris, le 5 janvier 2011

Publié dans Idéologies néfastes

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