Le joujou UMP se casse…
Ce titre peut sembler irrévérencieux. Pourtant, lorsqu’on regarde de suffisamment près, qu’est d’autre ce parti politique pour Nicolas Sarkozy ? Un outil, oui, mais comme on le sait les outils des grands sont souvent les jouets dont ils ont rêvé durant toute leur enfance. Or, un certain nombre d’analystes et psy considèrent que notre Président n’est pas vraiment sorti de l’enfance… On le sait, très souvent, les enfants, surtout les colériques, cassent leurs jouets, même s’ils les ont ardemment désirés.
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Peut-être pris de panique depuis l’an dernier au vu des sondages plus que négatifs le concernant, Nicolas Sarkozy fait tonner un discours de plus en plus proche des thèses du Front National. Il espérait, bien sûr, ramener à lui un certain nombre d’électeurs du Front National. C’était méconnaître ces électeurs ou les considérer comme des girouettes, ce qu’ils ne sont pas. Sachant que de nombreux électeurs de son élection en 2007 s’écartaient de lui pour se rapprocher de Marine le Pen, la peur qu’il en a ressenti l’a amené à « droitiser » de plus en plus fortement les thèses de son propre parti, de son jouet favori.
Quoi de mieux que d’organiser des débats, si farfelus et dangereux soient-ils, sur l’identité nationale puis sur la laïcité comme si cette dernière était en danger grave. On sait l’échec du premier débat et la façon d’expédier en quelques heures le second. Pour enfoncer le clou de la dérive droitière, notre Président envoie ses émissaires, Claude Guéant et Jean-François Copé, proclamer sur les ondes « la croisade » contre les musulmans et l’immigration. Claude Guéant, ministre de l’Intérieur en devient indécent à force d’insistance. Indécent, oui, pour toute oreille à la fois républicaine et humaniste.
Ce qui devait arriver, arriva ! Jean-Louis Borloo, déjà vexé de n’avoir pas été nommé Premier ministre alors qu’on lui avait plus ou moins promis ce poste plus prestigieux qu’utile sous la France de Sarkozy, en a profité pour claquer la porte de l’UMP, tout de suite suivi par Rama Yade. D’autres feront de même, très certainement dans les jours et semaines à venir.
Tout cela laisse sérieusement penser que le joujou du Président est tellement abîmé désormais qu’il est probablement cassé. Certes, les plus chauds partisans de Sarkozy, les hussards de son pouvoir, feront tout pour minimiser la casse, pour tenter de colmater les fuites, mais cela ne changera rien. Si d’aventures, Borloo a plus de courage que je n’ose l’imaginer et qu’il se présente, l’an prochain, à la présidentielle, pour peu que Dominique de Villepin se présente, lui aussi, les chances de Sarkozy de passer au deuxième tour sont plus que réduites.
Personnellement, je m’en réjouis, mais je reste prudent. Rien ne garantit que Borloo ira au bout de sa logique et rien ne dit que Dominique de Villepin n’ait les moyens, en termes de parti, de se présenter. Reste qu’un « sale gosse » qui casse tout ce qu’il touche irrite toujours famille et amis. Ceux-ci ont tendance à s’écarter, s’éloigner, voire ne plus revenir.
Une large part des Français en a plus qu’assez de ce Président qui ressemble de plus en plus à un accident de parcours, à une aventure malheureuse dont on espère la fin rapide et prochaine.
Copé a beau se moquer du programme du PS, ce n’est pas cela qui évitera la prochaine claque. Et ceci d’autant plus que les Français sont nombreux à en avoir assez de sa « langue de bois et visage d’innocent ».
À moins d’une manipulation de l’opinion si vaste qu’elle reste inimaginable pour l’instant, je ne vois pas ce qui pourrait sauver Sarkozy. Je veux espérer qu’Al Quaïda ne lui donnera pas un coup de main objectif en réalisant l’un de ses monstrueux actes de terrorisme en France. Hormis cela, ou quelque chose de semblable, Sarko ne signera pas un deuxième mandat. Je crois qu’il faudra tout de même s’attendre à une propagande de plus en plus lourde, de plus en plus indigeste, avec une présence quasi permanente à la télévision de Sarkozy ou de ses lieutenants, les derniers qu’il lui reste, les pires, forcément.
Le ménage à la télévision
Déjà, ce scénario se prépare au travers de la suppression d’une émission comme « Ce soir ou jamais », l’une des rares émissions dont les invités savaient nous ouvrir les yeux, chose évidemment toujours ennuyeuse pour un pouvoir qui se trouve à la veille de devoir se représenter devant l’électorat. La suppression de cette émission, par un responsable notoirement connu comme ami de Sarkozy montre bien dans quelle détestable direction va le pouvoir. Ne pouvant convaincre les Français par ses thèses et ses actes, il préfère supprimer les outils qui pourraient les éloigner un peu plus encore. Nul doute que les « télé réalités » les plus nulles vont proliférer d’ici mai 2012, de même que les animateurs préférés du Président. Il faudra bien ça pour tenter d’endormi les consommateurs afin qu’ils « votent bien », donc qu’ils choisissent Sarko II.
Rien que cette censure de l’une des rares bonnes émissions de débats, avec des personnalités très diverses, contrairement à d’autres où l’on voit toujours les mêmes têtes, après l’éviction de Stephan Guillon de France Inter sur « ordre du château » montre combien il est urgent que prenne fin l’expérience Sarkozy. Nous avons déjà perdu beaucoup de liberté en même temps qu’une large part de notre pouvoir d’achat. Tâchons de faire en sorte que les Français ne perdent pas, de plus, leur âme en écoutant le chant funèbre des thèses racistes et ultra sécuritaires.
Jean Dornac
Paris, le 10 avril 2011