Que feraient nos pouvoirs, si ?...

Publié le par jdor

 

(source photo : http://www.republicoftogo.com)

Kadhafi-n-a-tire-sur-personne_article_top.jpgFace à la folie de plus en plus évidente de Kadhafi, les grandes « démocraties », représentées par leurs Présidents, je pense aux USA, à l’Angleterre et à la France, ces démocraties s’alarment des crimes commis et demandent à cor et à cri la fin des massacres. Bien que je doute depuis longtemps de la valeur réelle de nos « démocraties », notamment en France sous Sarkozy, je ne peux que donner raison aux chefs d’État, du moins à leurs discours. Trop de sang a déjà coulé !

Cependant, parce que je crois que le pouvoir est, par nature, corrupteur de l’âme, pour la majorité des êtres humains qui accèdent à la tête d’un État, que ce soit par un coup de force ou par un vote plus ou moins honnête, il est une question brûlante que je me pose. Que feraient nos « brillants démocrates » si, par exemple, en France, deux ou trois millions de citoyens descendaient dans la rue, pacifiquement, mais avec des pancartes disant : « Casse-toi, pov’ con » ou « Dégage » ?

Certes, Mam, feu ministre des affaires étrangères, nous a appris, durant la révolution de Tunisie, ou la populace osait s’en prendre à un régime ami, idéal pour les vacances de nos ministres fatigués ou pour des affaires intéressantes entre gentils amis, une chose essentielle, autrement dit que : « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permet de régler des situations sécuritaires de ce type ». Sans revenir sur la polémique justifiée que sa phrase a provoquée à l’époque, je crois que nous ne devons en aucun cas oublier le sens réel de ce qu’elle a dit.


(Source photo : http://lhistgeobox.blogspot.com/)

68paris1.jpgPour moi, la signification profonde de cette phrase, est la suivante : « Le gouvernement français saura mater toute révolte de cette nature, partout, y compris en France ». Avis, donc, aux Français qui pourraient être tentés, il y en a et beaucoup, de descendre dans la rue pour chasser le régime plus que pourri et décrédibilisé de Nicolas Sarkozy. Dans un premier temps, on peut imaginer qu’en effet, le pouvoir ne chercherait pas l’effusion de sang. Son espérance, sans nul doute, serait que ses forces de l’ordre grimées en « ninjas », armées de « tasers », de « flash ball » et autres « tonfa » induiraient suffisamment de peur et de dégâts non-mortels pour que les manifestants rentrent chez eux et oublient leurs velléités de libération du monde du fric et du bling-bling. Le pouvoir ne se trompe pas s’il s’agit d’une manifestation classique, type syndicale. Mais s’il s’agit d’une révolte d’une tout autre nature, une révolution non-violente comme viennent de la connaître la Tunisie et l’Égypte, restera-t-il les bras croisés sachant que les armes habituelles et non-létales ne feront plus peur à personne ?

Les pouvoirs qui imaginent qu’une révolte due à la misère, la faim, la perte de la dignité de leur pays, la corruption des élites, peut être matée à la « manière française » se trompent lourdement. C’est que, dans de telles révoltes, les citoyens oublient leurs peurs, celles que les pouvoirs tentent d’induire dans les esprits ; dans de telles révoltes, on en oublie même la peur de mourir pour que l’avenir soit encore possible pour nos enfants ! Et cela change tout !

Partant d’un tel postulat, vérifié dans le Maghreb depuis janvier, je suis persuadé que nos chers pouvoirs si « démocratiques » finiraient par sortir les fusils et n’hésiteraient pas à provoquer des massacres. Pour preuve, à mon sens, il suffit de se rappeler des crimes qu’ont commis les pouvoirs des USA lors des révoltes des noirs dans les années soixante. Les émeutes pour les droits civiques ont fait 250 morts… en France, il ne faut pas oublier les morts algériens dues aux violences policières : on estime à un peu plus de 200 morts liées aux répressions sauvages… On me rétorquera que les forces policières n’étaient pas encore aussi efficaces qu’aujourd’hui… Voir…

Compte tenu de ce que nous avons tous constaté des dérives politiciennes, particulièrement au cours des trois dernières années, on peut raisonnablement penser que dans une situation de révolte populaire sérieuse, soit le pouvoir s’en irait sous l’injonction du peuple, soit il tirerait et tuerait pour tenter de se maintenir. Il ne faut pas être d’une extrême lucidité pour comprendre qu’aux yeux de nos politiciens d’aujourd’hui, je parle de Sarkozy et ses amis les plus proches, de ces professionnels de la politique, le pouvoir leur appartient. Tant qu’ils peuvent l’acheter avec leurs fortunes propres et celles de leurs sponsors, tant que l’essentiel des médias leur tire le tapis rouge, tout va bien. Mais si, d’aventures, le peuple, la populace voulait le leur arracher par force y compris non-violente, sachant combien l’ego de ces « élus » est puissant, je les crois capables du pire. Ils oublieront très vite leurs injonctions au malade de Tripoli pour en arriver, à leur tour, au crime. J’entends déjà, ici ou là, des cris d’orfraies, des dénégations plus ou moins violentes, mais la nature humaine, hélas, est ce qu’elle est, c’est-à-dire faible et soumise aux instincts primaires. Et je ne doute pas que plus un humain, homme ou femme, se laisse conquérir par l’amour du pouvoir, qui se transforme rapidement en obsession, plus son esprit devient rétrograde, retrouvant, dans ses gènes les réflexes des humains les plus anciens.

En cas de révolte similaire à ce qui se passe dans le Maghreb, bien entendu, tous les crimes qui pourraient se commettre au nom du pouvoir, seraient enterrés sous la protection de l’ordre républicain, cette excuse commode pour déverser les forces de répression sur un peuple voulant se libérer de ce qui le tyrannise, que ce soit sur le plan des libertés ou sur le plan social.


(Source : http://www.contrepoints.org)

Moraliser-la-politique-218x300.jpgContrairement à ce que j’entends régulièrement sur les ondes de la télévision, le pouvoir est devenu affaire de professionnels, c’est-à-dire très loin des nobles sentiments sans cesse évoqués par les propriétaires actuels du pouvoir. On nous ressasse, à loisir, en usant et en abusant de la formule : « Le politicien est au service de son pays » ! Ah que c’est beau ! Ah que c’est touchant ! Pour un peu, nous en aurions la larme à l’œil ! Dans la réalité, ce qu’on constate, c’est que nombreux sont ceux qui profitent de leur position pour s’enrichir, pour enrichir le clan, pour s’offrir toutes sortes d’avantages, comme on l’a vu plusieurs fois au cours de l’année écoulée. Nous sommes très loin du service au pays, non ? Et cela commence avec les derniers Présidents de la République qui ne se sont pas gênés d’augmenter scandaleusement leurs revenus, pendant que les revenus de la population, particulièrement la plus modeste, ne cesse de baisser au point de ressembler, parfois, à un misérable pourboire… C’est à croire que seuls ces personnages sont atteints par la hausse du coût de la vie !...

En considérant ce qu’est la griserie du pouvoir, en y ajoutant les énormes avantages financiers, croyez-vous vraiment que si la majorité du peuple avait le courage de leur crier : « Stop ! Dégage » qu’ils hésiteraient longtemps avant de faire « donner la troupe » ?

Excès de pessimisme ? Lucidité extrême et sans illusions ? Je vous laisse le choix de la proposition, mais vous demande, si vous le voulez, d’y réfléchir sérieusement. Ce n’est pas parce que nos pays ont l’apparence et le goût de la démocratie, que ce sont véritablement des démocraties dans leurs sens les plus vrais et les plus profonds !

Jean Dornac
6 mars 2011

Publié dans Réflexions

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