Le délire totalitaire de Jean Charest

Publié le par jdor

Je crois que, contrairement à moi, il n’est pas absolument nécessaire d’aimer le Québec, pour s’intéresser à ce qui se passe là-bas. Si l’on a la démocratie et la Liberté chevillées au corps, on ne peut qu’être révolté par la loi scélérate qui vient d’être votée. Si l’on est démocrate et humaniste, on ne peut que comprendre que si un pays qui était libre, soudain, ne l’est plus, toutes les démocraties sont menacée. Nos libertés d’agir, de penser, de manifester ne sont jamais assurées, jamais définitivement acquises. Elles ne peuvent l’être que si, nous, les peuples, avons le courage de les défendre quels que soient les risques encourus. Et parce que nous devons avoir conscience que nous vivons tous sur une bien petite planète, rien de ce qui se passe ailleurs, ne peut, ne doit nous être indifférent. Soyons solidaires, au moins en relayant les informations et réflexions de nos amis Québécois légitimement révoltés ! (Jean Dornac)


auton2138-fa310Richard LE HIR
Tribune libre de Vigile - samedi 19 mai 2012      

Faut-il que le pouvoir soit aux abois pour sombrer dans un tel délire !

Avec son projet de loi matraque pour « mettre fin » à la contestation étudiante, le gouvernement Charest démontre qu’il est non seulement plus en contrôle de la situation, mais qu’il se sent débordé de toutes parts, et il a peur. Sa panique en témoigne. Il suffisait d’écouter Raymond Bachand au bord des larmes à l’annonce de la démission de Line Beauchamp, ou Michelle Courchesne à la télé hier soir pour s’en rendre compte. Il y a des tremblements plus éloquents que des discours.

L’enjeu dépasse largement la grève étudiante qui n’a servi dans les circonstances que de mèche à un embrasement qui menace de se généraliser.

La cause ? La même que celle qui a emporté Sarkozy. L’exercice du pouvoir en contradiction avec les valeurs profondes de la société au point où elle ne se reconnaît plus du tout dans celui-ci et en vient à la conclusion que ceux qui l’exercent sont des usurpateurs.

Se sachant traqué, et craignant à juste titre la colère des masses lorsque l’étendue de son forfait sera dévoilé, Jean Charest cherche par tous les moyens à détourner la vindicte populaire qui s’abat sur son gouvernement et ses malversations pour la diriger plutôt sur d’autres cibles, n’importe lesquelles pourvu qu’elles canalisent la colère populaire sur autre que lui.

C’est ainsi que Charest, lorsqu’il a constaté que ses « fréquentations italiennes » - un euphémisme employé à dessein – étaient devenues trop compromettantes, a fini par les lâcher ses amis en « i », en « o », et en « a », en mettant sur pied d’abord l’UPAC puis la Commission Charbonneau, et en acceptant « à regret » la démission de son ministre Tony Tomassi après l’avoir encensé quelques mois plus tôt .

Les Italiens ont bien compris et ils réservent à Charest et au PLQ un chien de leur chienne à la prochaine élection.

Lorsque les étudiants ont entrepris leur grève, il a tout de suite vu le parti qu’il pourrait en tirer en laissant la situation de se dégrader. L’objectif, remonter sa cote de popularité pour déclencher des élections générales après avoir posé en sauveur de la démocratie.

Si ce scénario vous apparaît trop machiavélique, je vous engage à lire ou à relire mes articles précédents sur le sujet http://www.vigile.net/La-colere-gro... , http://www.vigile.net/Reponse-au-de... ; http://www.vigile.net/La-situation-... ; http://www.vigile.net/Charest-l-inc... .

Et rajoutez à tout cela cette loi matraque qui apparaît soudain dans le décor et qui ne peut pas ne pas avoir été préparée que de longue main. Autrement dit, il s’agit d’une mise en scène depuis le début.

Mais il y a un problème. D’une part le gouvernement Charest a commis des erreurs (attitude arrogante et intransigeante, tentative de manipulation des étudiants, excès de Victoriaville, hystérie législative, etc.), et d’autre part les étudiants ont fait preuve d’une maestria totalement inattendue sur le plan de la stratégie et des communications.

Avec, comme il était prévisible et sans doute même souhaité par le gouvernement, le résultat que nous revoilà plongés dans une crise qui prend de plus en plus, à chaque jour qui passe, des allures de crise d’octobre 70.

Ce que le gouvernement n’avait pas toutefois ni prévu, ni souhaité, c’est que son escalade du conflit se retournerait contre lui. En effet, pour tout gouvernement, une critique du Barreau est annonciatrice de mauvaises nouvelles.

Or à trois reprises au cours des dernières semaines, le Barreau est intervenu pour inviter les deux parties, le gouvernement comme les étudiants à la négociation en allant même jusqu’à proposer la nomination de médiateurs indépendants, en critiquant le règlement interdisant le port de masques dans une manifestation, et en critiquant sévèrement comme il le fait encore aujourd’hui la loi d’exception que le gouvernement Charest vient de faire adopter pour casser le mouvement étudiant et rétablir « la loi et l’ordre » (à ce sujet, je ne saurais trop vous recommander la lecture de l’analyse du projet de loi de mon confrère Pierre Cloutier qui paraît sur Vigile aujourd’hui) .
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Par ailleurs, au début de la semaine, l’ancien bâtonnier Gilles Ouimet, criminaliste de renom, se déclarait surpris de l’utilisation des dispositions anti-terroristes pour régler un cas banal de méfait, confirmant l’analyse que je faisais sur Vigile deux jours plus tôt dans mon texte intitulé " Charest l’incendiaire porte des accusations de terrorisme ".

Les syndicats se sont également prononcés ce matin en dénonçant une « loi de « mononcles impuissants contre une génération ». Et l’on peut d’ores et déjà prévoir la pluie de critiques qui va s’abattre de toutes parts au cours des prochains jours contre le gouvernement Charest, avec la possibilité que son action soit même dénoncée à l’étranger ou devant des instances internationales.

Lui qui se targuait de savoir mieux que les autres projeter une belle image du Québec à l’étranger, le voilà ravalé au rang des Pinochet de ce monde. On voit d’ici les pancartes « Charest-Pinochet, même combat ! ». Prochaine étape dans l’escalade, les « goulags » dans le grand Nord ? Peut-être son commentaire au salon du Plan Nord organisé par la Chambre de commerce n’était-il pas une blague après tout.

Avec ce qui vient de se passer, la manifestation prévue pour mardi prochain le 22 sera encore plus considérable que les organisateurs pouvaient l’anticiper, et je me ferai pour ma part un devoir d’être présent. Non seulement la crise n’est-elle pas terminée, mais elle entre dans une nouvelle phase où l’opposition au gouvernement Charest va se faire encore plus virulente.

Le résultat atteint par le gouvernement sera donc exactement l’inverse de celui qu’il recherchait. Et la question qui se pose est la suivante. Comment Jean Charest et son équipe de conseillers ont-ils pu faire une si mauvaise lecture de la situation ? Les derniers mois de son mandat s’annoncent comme un calvaire, autant pour lui que pour la population, et sa défaite aux prochaines élections prendra des allures de libération.

Comme je l’avais prévu, il partira sous les huées, comme Sarkozy

Source : http://www.vigile.net/Le-delire-totalitaire-de-Jean

Publié dans Réflexions

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Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-19. - THÉORÈME CHAREST LE MAUVE. - L'AVENIR ?.
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